Sidi de Arturo Pérez-Reverte, Ed. Seuil



Il fallait le talent de conteur incontestable d'Arturo Pérez-Reverte pour se lancer dans une nouvelle biographie de ce guerrier castillan mythique qui après avoir été banni du Royaume de Castille, décide de "louer ses services" au roi de Saragosse (musulman). Avec ce héros sans patrie, ni roi, Arturo Pérez-Reverte nous plonge dans l'histoire espagnole du XIe siècle, un siècle nourri de guerres sanglantes et d'alliances entre Chrétiens et Maures. 

Témoignant de sa vie aventureuse de guerrier, le Chevalier Rodrigo Diaz de Vivar reçut le surnom de Le Cid qui est la transcription du mot arabe " Sidi" signifiant "seigneur", titre honorifique musulman. 

Depuis le XIIe siècle avec le poème épique El Cantar de mio Cid, jusqu'à la pièce de Corneille, le Cid est apparu comme un héros, le pourfendeur des arabes mais la vérité est bien autre car si c'est bien à force de combats, de victoires et de courage qu'il a acquis ce surnom, c'est en vendant les services de son armée au plus offrant qu'il a fait fortune. Le Cid, celui qui ne transigeait pas avec l'honneur, le héros de Corneille, n'était rien d'autre qu'un mercenaire. 

Arturo Pérez-Reverte nous livre sa propre vision des fait dans ce récit haletant écrit dans la tradition pure du roman épique, un récit des batailles et des faits héroïques relatés d'une plume énergique et affirmée. Captivant !

Pour la petite histoire....

 De Sanche II de Castille à Alphonse VI, les deux frères ennemis qu’il servira tour à tour ; des espagnols aux almoravides ; des chrétiens aux musulmans, le Cid mettra son épée au service de tous les camps, de tous les partis : l’offre la plus alléchante l’emportant toujours ! Lorsque le Cid se présente pour la première fois devant les murs de Valence en 1088, c’est pour en délivrer le roi maure, vassal du royaume de Castille, qu’assiègent des rebelles musulmans. La victoire remportée, le Cid s’impose comme le protecteur du Maure en lui imposant un lourd tribut. En 1092, las de la tutelle chrétienne les musulmans se rebellent. Fou de rage, le Cid accourt et le siège sera terrible : manquant de vivres, les rebelles poussent hors des remparts femmes, enfants et vieillards. Pour hâter la capitulation de la ville le Cid lâche sur eux les chiens puis ordonne qu’ils soient brûlés vifs sous les yeux des assiégés… Les musulmans se rendent après 20 mois de siège (1094- 1096). Maître de Valence, le Cid y entretiendra une cour luxueuse. Il y meurt en 1099 : quelques mois plus tard, les musulmans entreront à nouveaux victorieux dans la ville. Rien à voir donc avec la légende qui fera sa réputation ; Mais il faut bien se rappeler que la péninsule espagnole est alors en pleine Reconquête, chaque petit noble combat pour lui sans considérations idéalistes ! L’histoire ne retiendra que le courage du Cid, son habileté guerrière, et il deviendra vite un héros de légende. Il sera enterré avec sa femme Chimène au cœur de la cathédrale de Burgos et leur tombeau fait encore l’objet d’une véritable dévotion

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