Une farouche liberté, Gisèle Halimi avec Annick Cojean, Ed. Grasset

 

Gisèle Halimi  : Soixante-dix ans de combats, d’engagement au service de la justice et de la cause des femmes. Et la volonté, aujourd’hui, de transmettre ce qui a construit cet activisme indéfectible, afin de dire aux nouvelles générations que l’injustice demeure, qu’elle est plus que jamais intolérable. Gisèle Halimi revient avec son amie, Annick Cojean, qui partage ses convictions féministes, sur certains épisodes marquants de son parcours rebelle pour retracer ce qui a fait  un destin. Sans se poser en modèle, l’avocate qui a toujours défendu son autonomie, enjoint aux femmes de ne pas baisser la garde, de rester solidaires et vigilantes, et les invite à prendre le relai dans le combat essentiel pour l’égalité à l’heure où, malgré les mouvements de fond qui bouleversent la société, la cause des femmes reste infiniment fragile.

Depuis l’enfance, la vie de Gisèle Halimi est une fascinante illustration de sa révolte de «  fille  ». Farouchement déterminée à exister en tant que femme dans l’Afrique du Nord des années 30, elle vit son métier comme un sacerdoce et prend tous les risques pour défendre les militants des indépendances tunisienne et algérienne et dénoncer la torture. Avocate plaidant envers et contre tout pour soutenir les femmes les plus vulnérables ou blessées, elle s’engage en faveur de l’avortement et de la répression du viol, dans son métier aussi bien que dans son association «  Choisir  la cause des femmes ». Femme politique insubordonnée mais aussi fille, mère, grand-mère, amoureuse… Gisèle Halimi vibre d’une énergie passionnée, d’une volonté d’exercer pleinement la liberté qui résonne à chaque étape de son existence.

«  Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque  »  : ces mots de René Char, son poète préféré, pourraient définir Gisèle Halimi, cette «  avocate irrespectueuse  », et sa vie de combats acharnés pour la justice et l’égalité.

 

Mon avis :

Gisèle Halimi ne verra jamais le succès en librairie de son dernier livre "Une farouche liberté" co-écrit avec son amie Annick Cojean,  journaliste française, grand reporter au journal Le Monde, autrice de plusieurs livres. 

Sorti quelques semaines après le décès de l'avocate et grande figure du féminisme, ce recueil d'entretiens est le dernier témoignage de l’insoumise rebelle comme elle aimait se décrire qui s'est éteinte seulement quelques semaines avant sa parution. 

C’est en peu de questions, toutes bien ciblées, qu’Annick Cojean donne l’occasion à Gisèle Halimi de revenir sur ses moments-clés de son existence, notamment son enfance qui selon elle, a décidé de tout. 


“ma révolte, ma soif éperdue de justice, mon refus de l’ordre établi et bien sûr mon féminisme sont nés devant la malédiction d’être née fille"

  

A 10 ans elle entreprend même une grève de la faim pour dénoncer les inégalités entre les filles et les garçons, à 93 ans elle continue à refuser cette malédiction et appelle à la révolution “seule capable d’anéantir un patriarcat millénaire, destructeur… et grotesque”.
 
Elle nous raconte tous les obstacles contre lesquels elle s'est battu sa vie durant, le courage qu’il lui a fallu dans toutes ses luttes et ses plaidoiries à contre-courant de la bien-pensance. Elle nous parle de ses ennemis, de ses amis, de ses passions, de ses déceptions. A 93 ans encore, elle continuait son combat en nous livrant ses réflexions sur son parcours de femme engagée avec toute la sincérité et la franchise qu’on lui connaissait.   

“Disons qu'on a bien déblayé le terrain. Mais il faut une relève à qui tendre le flambeau. Le combat est une dynamique. Si on arrête, on dégringole. Si on arrête, on est foutues. Car les droits des femmes sont toujours en danger” nous dit-elle

C’est un magnifique hommage à une des femmes les plus importantes de l’histoire de la libération des femmes, à une femme qui n’avait qu’une ligne de conduite dans sa vie personnelle, professionnelle et politique, la lutte contre le machisme ancestral, la quête de la liberté et la défense de toutes les femmes opprimées. 

Cet ouvrage est une occasion de remercier cette femme, véritable icône du féminisme, pour ses luttes et ses combats et dont l’existence aura marqué l’Histoire de l’humanité et qui passe le flambeau aux futures générations.

A lire et à relire !

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