Barbe Bleue d’Amélie Nothomb, Albin Michel

 



C’est le 21ème roman pour ses 20 ans d’édition, un palmarès impressionnant depuis son « génial » Hygiène de l’Assassin, premier roman paru en 1992. Elle a dans son sillage autant de détracteurs que de fans dont je fais partie, indiscutablement. La plus médiatique des auteurs de sa génération envahit comme chaque année la rentrée littéraire.

 

Son dernier roman nous invite à un huis clos terrifiant, un serial killer et sa prochaine victime. Mais avec Amélie Nothomb, l’intrigue ne peut pas être aussi simple. Elle nous conduit au fil des pages dans les méandres de la logique de l’assassin, un Barbe bleue des temps modernes.

 

Son Barbe bleue est un homme  des plus banals qui soit, si ce n’est sa naissance et sa façon de vivre. Cloîtré chez lui depuis 20 ans après la mort de ses parents, cet héritier d’une des plus grandes familles aristocratiques espagnoles, n’a pas d’autre choix pour rencontrer ses « victimes » potentielles que de louer une des chambres de son Hôtel particulier parisien. Le prix de la location est dérisoire compte tenu du luxe et du confort qu’il propose. Si la première de ses victimes est innocente du sort qui l’attend, les 7 autres suivantes seront animées d’une curiosité morbide, savoir ce qui est advenu des précédentes. Saturnine est la dernière en date, et bien que mise en garde du mystère de la disparition des jeunes colocataires précédentes, elle ne résiste pas à cette proposition alléchante. 500 euros pour 40 mètres carrés, une aubaine pour la jeune enseignante à l’Ecole du Louvre !

C’est alors que chaque soir,  nous sommes conviés à leur dîner, témoins de leurs joutes verbales. Saturnine a l’esprit vif et un sens aigu de la répartie, elle malmène son hôte ce qui ne fait qu’accroître l’amour qu’il ressent pour elle. Saturnine vit à sa façon le syndrome  de Stockholm : p.100 "Saturnine en conclut qu'elle était amoureuse d'un malade mental, d'un homme infatué, d'un être parfaitement biscornu, mais pas d'un assassin ».  Mais le piégeur n’est pas toujours celui qui croit.

Pas de longues descriptions, pas de tentatives d’analyse psychologique sur des centaines de pages chez Amélie Nothomb, son écriture se limite au strict nécessaire, le « juste assez » pour que le lecteur s’imprègne de la psychologie des personnages. Le sachet de thé dans la baignoire n’est pas sa tasse de thé ; chez elle, tout est réduit à l’essentiel, à une vitesse grand V. Elle aborde avec cynisme et humour (et oui !) des questions  métaphysiques fondamentales.

 

Je n’ai qu’un seul regret, une fois le livre refermé, c’est de ne pas avoir eu la chance de partager les champagnes millésimés dont s’abreuvent les deux protagonistes durant le roman. Je reste sur ma soif bien qu’enivrée par le génie toujours renouvelé d’Amélie Nothomb.

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